« Ne te retourne pas. Surtout ne regarde pas derrière toi, » se dit-elle.
Mais bien sûr, elle se retourne.
A travers le rideau épais de la neige, elle pouvait distinguer la bataille qui se déroulait. Elle voit Halas en flammes, son peuple qui défend chèrement la ville contre les Orcs des neiges. Tous ses instincts lui crient de retourner en arrière et aider ses parents, mais elle sait que c'est inutile. C'est ici qu'est son devoir, alors elle continue de marcher.
« Aimara, nous devons retourner et nous battre pour notre ville » lui dit un barbare. « Nous ne devons pas abandonner nos maisons à ces monstres. »
Sa réponse cingle : « La ferme Murbeck. »
Presque dans un grognement « Ne me parle pas comme ça, femme ! Je dis que nous retournons défendre et mourir pour notre ville, plutôt que de fuire comme des rats abandonnant un navire. »
Elle se retourne vivement, et dans un même élan le frappe rapidement et violemment au ventre et au visage. Murbeck s'effondre dans la neige.
« Ecoute moi bien » lui dit-elle, suffisamment fort pour chacun autour puisse entendre. « Je veux me battre pour notre ville autant que toi. Mais on nous a ordonné d'escorter les enfants et les vieillards à l'abris, et par les dieux c'est ce que nous allons faire ! Si tu es si impatient de répandre ton sang sur la neige, Murbeck, dis le moi et je serai ravie de m'en occuper moi-même ici et maintenant. »
Murbeck se relève lentement, une main sur son estomac, l'autre massant sa mâchoire. « Je m'acquitterai de ma tâche, Aimara. »
Elle marche vers lui et époussette la neige de son armure. « Tant mieux » lui dit-elle « car nous allons bientôt avoir besoin de ta force bientôt. Nous devons passer par Blackburrow, où nous éprouverons le fil de nos épées. Dans l’immédiat, va t’assurer que tout le monde suit bien à l’arrière. » Il approuve de la tête et se dirige à grands pas vers la queue du groupe.
Aimara regarde ses réfugiés. Il y en a des centaines, tous trop vieux, ou trop jeunes, ou trop malades pour rester en arrière et se battre. On lui a donné peu de soldats pour les escorter tous vers Qeynos. Heureusement la chute de neige aide à cacher leur fuite et couvrir leurs traces, mais elle rend la progression aussi plus difficile.
Elle donne de nouveau le signal de marche. Aimara les conduit à travers les crevasses et failles qu’elle a si souvent explorées étant petite, en de meilleurs temps.
***
« Si l’un d’entre eux donne l’alerte donne, nous sommes tous morts », murmure Murbeck.
Aimara acquiesce et fait signe au archers, répartis dans les rochers au-dessus d’eux.
Les flèches s’envolent silencieusement à travers l’air froid et percent au cou les gnolls de garde à l’entrée du tunnel. Ils s’effondrent sans émettre un son.
« Nous n’avons pas beaucoup de temps. Il y en a beaucoup d’autres à l’intérieur. Allons-y ! »
Aimara charge à travers les grottes, accompagnée par Murbeck et une douzaine d’autres guerriers. Il fait sombre, mais ils peuvent voir les lumière des feux de camps. Elle se précipite, réprimant le désir de pousser le cri de guerre halasien. Les gnolls les voit arriver, mais trop tard, et le combat s’engage avant qu’ils aient eu le temps de sortir leurs armes.
Le combat est rapide et violent. Murbeck est ravi, mais Aimara sait que l’effet de surprise ne va pas durer et que leur avantage est minime. « Dites aux autre d’avancer dans les grottes, mais qu’ils restent en retrait. Nous progressons. »
Les soldats avancent avec précaution dans les passages étroits. Bien qu’elle soit passé par ici des dizaines de fois, il est facile d’être confus par les multiples détours et culs-de-sac. Elle sait aussi qu’ils vont bientôt arriver à l’air libre, où il sera impossible de se cacher.
Aimara passe un angle et se retrouve nez à nez avec un jeune garde gnoll. Il semble aussi surpris qu’elle mais après ce qui semble une éternité, elle est la première à réagir, lève son épée et frappe. Mais le gnoll a le temps lancer son puissant cri d’alarme.
Le gnoll est silencieux en s’effondrant au sol, mais elle sait que les dégâts sont faits. « Préparez-vous » dit-elle, « ils arrivent ! »
***
Ils guident les derniers civils à travers le portail qui marque l’entrée de Blackburrow du coté de Qeynos. La bataille a été féroce, et trop sont tombés. Mais il n’est pas encore temps de pleurer les morts.
« Direction Sud » dit-elle sombrement. « La ville est par là. »
Il fait plus chaud ici, mais les fourrures et armures sont trop réconfortantes pour être abandonnées. De plus, elle compte bien s’en servir encore, le jour où ils reviendront dans leur terre natale donner la leçon qu’ils méritent à ces bâtards qui ont osé défier les Northlands.
Pendant qu’ils marchent, Murbeck vient à ses cotés. Il regarde devant lui pendant qu’il parle. « Tu nous as bien guidé Aimara. Je regrette de t’avoir défié le jour du départ. Ce n’était pas correct. »
Elle sourit et passe ses bras autour de lui pour l’embrasser. « Ce n’est pas grave mon mari. Tu désirais seulement ce qui est dans tous nos cœurs. Mais nous servirons mieux notre peuple en prévenant Qeynos de ce qui les attend, car tu sais aussi bien que moi que les Orcs ne s’arrêteront pas à Halas. Et en plus, qui de mieux pour apprendre à ces lavettes d’humains à défendre leurs frontières que les fiers fils du Nord, hein ? »
Il souri d'un air satisfait. « Pourtant il fait si chaud ici, la neige me manque déjà. »
« A moi aussi mon amour, à moi aussi… »
Ils traversent les collines vers Qeynos. Elle repense à la sauvagerie des Orcs et se demande si Qeynos même peut résister à un tel assaut.
Dans son esprit elle revoit Halas en flammes, et elle tremble.
Sujet: Neige brûlante 
Mer 21 Mar - 4:28
